Textes

Philippe Vacher

MOBIL

Installation : "carré"

La matière se structure selon des exigences énergétiques contradictoires et complémentaires. Nous devons percevoir l'oeuvre comme le lieu d'une forme organisée, exprimant l'énergie de cohésion entre les éléments qui la contituent ou inversement comme le lieu d'une forme désorganisée, révélant les forces multiples de dissociation en jeu.
Aucune frontière définitive ne doit rendre compte de sa réalité matérielle comme une réalité figée dans le champ perceptif: c'est un évènement spatio-temporel, l'expression d'un état transitoire de la matière-énergie et d'un équilibre dynamique instable "achevé-inachevé".
C'est ainsi qu'une forme stable comme le carré est dans cette installation l'enjeu de forces antagonistes qui actualisent une stabilité plus relative: la structure devient l'expression vivante des interactions énergétiques.
Dans l'espace du lieu qu'elle révèle à lui - même, l'oeuvre est à découvrir, arpenter. Elle renonce à entretenir avec le spectateur un mode de lecture axé sur la frontalité, qui s'impose arbitrairement à l'image des grandes architectures verticales contemporaines. Elle mesure notre curiosité de pèlerin et se dévoile plus qu'elle ne se livre en interrogeant l'être des choses, les énergies les plus ténues et les plus éphémères qui tissent la matière même de notre conscience.

Installation : Carré

Philippe Vacher – 1991